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"Ces modélisations, tout le monde les remet en cause, mais ce sont des modèles mathématiques qui ont été utilisés pour le grand port maritime de Bordeaux pour la modification de la passe d’entrée de l’estuaire, qui a donné lieu quand même à des exploitations de 6 millions de m3, donc ce n'est quand même pas neutre."

Société demandeuse de la concession minière

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Le partage de l'estuaire

 Le sable, ressource indispensable

Un trait de côte mobile

Modification de l'écosystème marin

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Un trait de côte mobile

Une zone naturellement dynamique et fragile


"Ce qui nous fait peur c’est quand même la fragilité du littoral. C’est le point majeur pour nous parce que la côte est fragile, elle bouge énormément, c’est une des plus dynamiques en France."

Membre d'une association de protection de l’environnement

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Extrait vidéo "La gestion du trait de côte" - France Ecologie Energie

Le bassin sédimentaire de l’embouchure de la Gironde est extrêmement dynamique. Chaque année, des centaines de milliers de mètres cube de sable se déplacent ou sont perdus au gré des courants et des marées.




Sur les côtes charentaises et aquitaines, cela entraîne parfois des reculs spectaculaires de la côte. On a pu observer jusqu’à 30 mètres de recul en un mois lors des tempêtes hivernales de 2014. C’est l'un des témoignages du phénomène d’érosion qui menace en certains endroits des zones urbanisées, comme à Soulac-sur-Mer, sur la pointe du Médoc.

Si l’évolution du trait de côte est facile à observer et bien connue des locaux, l’observation fine des mouvements sédimentaires et la prévision de leur évolution est un exercice complexe.

Dès lors, comment peut-on relier les activtés d'extraction avec l'érosion côtière? C’est l’objet des
travaux de modélisation numérique, réalisés par le bureau d'étude chargé de l'étude d'impact. Les modélisations servent à prévoir les impacts des activités d’extraction sur les dynamiques du milieu, et notamment sur le mouvement naturel des sédiments au large et sur la côte.


Pour ce faire, de nombreuses modélisations différentes sont nécessaires car les données sont multiples : le vent, la houle (mouvement ondulatoire des vagues provoqué par le vent), la marée,  les courants, la nature des fonds... Autant de paramètres qui peuvent influer sur l'évolution du trait de côte.

Exemple de schémas de modélisation de l'agitation de la mer extraits de l'étude d'impact du dossier de demande de concession
Les schémas de droite représentent l'agitation differentielle de la mer par houle de 8,2m et en marée de pleine mer en fonction de différents scénarios d'activité : 

- en haut il s'agit de l'impact d'une potentielle extraction au niveau du gisement et d'une extraction pour le chenal de navigation

- en bas il s'agit uniquement de l'impact d'une potentielle extraction uniquement au niveau du gisement


Extraction de sable : une opération à multiples inconnues



L’activité d'extraction 


Le navire sablier, ou drague, extrait le sable grâce à un tuyau d’aspiration, appelé élinde. A chaque passage cette élinde va créer des souilles sur le fond marin : des sillons d’excavation d’environ 30 cm de profondeur sur 1 à 2 mètres de large.

Pour le gisement du Matelier, il s’agirait de passer une dizaine de jours par mois, une à deux fois par jour, pour extraire chaque fois 4200 tonnes de granulats. Les sociétés qui ont déposé un dossier de demande de concession minière pour exploiter le gisement (dites "les pétitionnaires") estiment un creusement final d'environ 3 mètres de profondeur sur toute la zone après 30 ans d’exploitation. 


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Schéma descriptif de l'opération d'extraction sous-marine

Extrait du dossier de demande de concession

"Pour le granulat, il est certain que c’est non renouvelé et non renouvelable."

Membre d'une association de protection de l’environnement



Ce retrait de sable constitue une perte sèche pour le milieu. Comme le décrit l’Ifremer, cela peut modifier le processus de transit sédimentaire : les flux réguliers de sable qui alimentent les plages peuvent s’amoindrir, par exemple. La modification morphologique du relief sous-marin (appelé  bathymétrie) peut engendrer une modification des courants et de la houle.


Peur sur la plage

 

Les habitants et collectivités du littoral craignent de voir leur maisons submergées, leurs plages disparaître, et avec elles l’économie touristique locale, à cause des effets de l’extraction de sable.

 

Les opposants au projet voient dans l’écrêtement de la dune du Matelier un risque de destruction de leur rempart naturel contre la mer.

Conscients du caractère fini de la ressource en sable, ils s’inquiètent avant tout de voir l’érosion s’aggraver. 


"Rogner du sable comme ça sur une espèce de dune sous marine qui n'est pas profonde, c’est très avantageux pour les extracteurs, par contre cette dune elle a l’avantage d’abord de casser la houle pendant les phénomènes extrêmes et de servir de réserve naturelle pour le ré-ensablement de la côte."

Membre d'une association de protection de l’environnement

Modélisations et incertitudes :

pierres angulaires des argumentaires



Au contraire, les pétitionnaires utilisent ces modélisations comme des démonstrations fiables du faible impact de leurs activités et s’appuie sur des arguments d’expérience ou d’autorité.


"Au niveau de l’estuaire, si on modifie les passages, les trains de houle et de sédiments, on va avoir un problème puisqu’on ne va plus capter de sable."

Administrateur d'une communauté de communes


"La modélisation montre qu’il n’y a pas d’incidence à la fois sur l’hydro-sédimentaire, sur la courantologie, sur la houle et sur le trait de côte : donc on peut y aller on peut avancer sur notre dossier."

Société demandeuse de la concession minière

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"L’enjeu n’est pas d’être pour ou contre le projet, c’est de dire : 'Permettez-nous d’avoir des doutes sur la crédibilité de faire de l’exploitation minière sur le banc du Matelier' ."


Administrateur d'une communauté de communes

SUR LE NAVIRE SABLIER

Finalement la difficulté à modéliser la zone et les impacts potentiels de l’activité d’extraction vient d’un constat plus global : les fonds marins ne sont pas bien connus dans la région du panache. En outre, il y a peu de données et peu de retours d’expériences sur des concessions de granulats marins. La complexité des mouvements hydro-sédimentaires qui ont cours au sein de l’estuaire nécessite une modélisation plus riche qui devrait être tridimensionnelle.



"Sans que ce soit prouvé scientifiquement, il y a de fortes présomptions que si on enlève des milliers de tonnes de sables ici, il ne se retrouve plus là sur la plage pour protéger les dunes."

Membre d'une association de protection de l’environnement

​"Un modèle mathématique tout aussi performant qu’il soit il ne peut pas reproduire la réalité quand ce sont des phénomènes aussi complexes : la courantologie, les vagues, le vent, il peut y avoir des aléas qui passent inaperçus."

Membre d'une association de protection de l’environnement


"Même avec les meilleures modélisations, on aura de la place pour le doute.

Mais comment dire que c’est l’extraction elle-même, parce qu’elle se fait en face du point de mesure, qui est a l’origine de l’impact qu’on relève ?"

Ministère de l'Environnement

Direction Générale de l'Aménagement, du Logement et de la Nature


Immeuble "le Signal" à Soulac-Sur-Mer (33)

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Tous les arguments “scientifiques” mobilisés par les acteurs cristallisent autour des modélisations et de leurs incertitudes.


Les détracteurs du projet s'appuient sur les avis des autorités environnementales et scientifiques comme la DREAL et l'IFREMER pour étayer leur argumentation. Ils s’attachent surtout à montrer les faiblesses du dossier de demande de concession relatives aux hypothèses des données d’entrée et des zones d’études des modélisations, ainsi que sur le manque de connaissance global du milieu. Ces choix méthodologiques présentent pour eux des incertitudes qui remettent en cause la validité des modélisations et donc des prévisions d'impacts. C'est pourquoi ils souhaitent faire prévaloir le principe de précaution.


Vidéo réalisée par les étudiants, filmée sur un navire sablier le 23 octobre 2015.
La 
vidéo présente d'abord le chargement des cales du navire sablier avec le sable aspiré par l'élinde (non montrée). On peut observer une vitesse et un débit puissants (le sable parcourt plusieurs mètres par seconde). On peut ensuite voir la phase de déchargement au port. Le système de pompage du navire est alors relié par des techiciens à un système au sol qui aspire tout le sable des cales pour le transférer aux zones de traitement et de stockage dédiées sur le port.

Illustration photographique de l'évolution du trait de côte au nord de la pointe de Bonne Anse (17)

Extraite du rapport "Richesses de la mer et des estuaires"